L’IA générative : une bulle spéculative et une bombe climatique

Éclatons la bulle avant que la bombe n’explose.

L’emballement autour de l’intelligence artificielle générative depuis le lancement de ChatGPT en novembre 2022, s’accompagne en plus d’un énorme problème environnemental.

Une bulle spéculative

Les géants du numérique se sont lancés dans une course folle pour intégrer l’intelligence artificielle générative à leurs produits.

Des start-up apparaissent chaque jour, financées à coup de millions de dollars ou d’euros par des investisseurs et promettent monts et merveilles.

Tous les secteurs de l’industrie, des banques, etc. annoncent l’intégration de l’IA générative dans les différentes couches des sociétés.

Les médias ne parlent que de ça et nous vantent par des exemples les bienfaits de l’IA et des algorithmes.

Et bientôt le saint Graal, encore mieux que l’IA générative, l’IA générale ou même forte qui va arriver dans quelques années d’après certains.

Bref, c’est un véritable emballement qui ressemble à celui de la fin des années 1990 et qui conduisit à l’éclatement de la bulle Internet en mars 2000 avec un krach boursier et une récession économique dans les années qui suivirent.

Certains ne voient pas de risque de surchauffe, considérant que ce n’est pas le même phénomène, mais d’autres se posent sérieusement la question surtout au regard des investissements colossaux (des centaines de milliards de dollars) nécessaires et qui vont devoir être rentabilisés.

C’est par exemple le cas récemment de la banque d’investissement Goldman Sachs qui a publié un rapport fin juin 2024 intitulé « IA générative : trop de dépenses, trop peu de bénéfices ? » où on peut notamment lire :

« Si des cas d’utilisation importants de l’IA générative ne commencent pas à devenir plus évidents au cours des 12 à 18 prochains mois, l’enthousiasme des investisseurs pourrait commencer à s’estomper. »

Venant d’une grande banque d’investissement, qui par nature cherche à faire du profit, l’alerte est sérieuse. C’est même surprenant de la part de Goldman Sachs qui publiait 2 mois plus tôt, début mai 2024, un article indiquant des signes très positifs d’une augmentation du PIB et de la productivité grâce à l’IA.

Une bombe climatique

En plus d’être une bulle spéculative, l’intelligence artificielle générative est une bombe climatique, les consommations d’énergie, d’eau et de matières premières grimpent en flèche avec cette technologie et la production de CO2 explose.

L’entrainement d’un modèle d’IA consomme énormément d’énergie, un article du MIT le disait déjà en 2019 et plus le modèle est grand, plus la consommation est importante, ce qui est le cas avec l’IA générative.

Des centres de données sont construits pour cela et la consommation d’électricité engendrée est telle qu’il n’est même pas sûr que la production électrique actuelle suffise et pourrait même engendrer des pénuries d’électricité.

Même problème avec l’eau qui est consommée par centaines de milliards de litres annuellement pour refroidir les centres de données comme l’indique cet article du site Reporterre.

À cela s’ajoute la production massive de cartes graphiques (GPU) utilisées dans les centres de données et qui a permit à NVIDIA de devenir une des premières capitalisations boursières mondiales.

Et après l’entrainement, il y a l’utilisation (l’inférence) de l’IA qui consomme de l’électricité et de l’eau. Une étude d’octobre 2023 de chercheurs californiens estimait qu’un échange entre 20 et 50 questions-réponses avec ChatGPT 3 revenait à consommer 500 ml d’eau. En multipliant par des dizaines de millions d’utilisateurs quotidiens, la consommation d’eau devient colossale.

Les géants du numérique savent très bien qu’il y a un gros problème environnemental et risquent de ne pas tenir les engagements de neutralité carbone qu’ils avaient pris avant l’arrivée de l’IA générative.

Ainsi Microsoft reconnait une augmentation de 29,1 % de ses émissions de CO2 entre 2020 et 2023 dans son rapport sur le développement durable de 2024 et achète régulièrement des crédits de compensation carbone, 8 millions en juin 2024 par reforestation en Amérique latine ou 500 000 tonnes sur 6 ans par captage direct de carbone dans l’air (DAC) en juillet 2024.

De son côté, Google a annoncé une augmentation de 48 % depuis 2019 de ses émissions de CO2 dans son rapport environnemental de 2024 mais va essayer de ne plus avoir recours aux achats de crédits de compensation carbone.

Conclusion

L’intelligence artificielle générative est amusante pour le grand public, mais les cas d’usage professionnels pertinents pouvant être monétisés et générer un retour sur investissement ne sont pas convaincants.

Elle détourne des investissements qui seraient bien plus utiles ailleurs comme dans la fusion nucléaire ou l’informatique quantique.

Certains alertent sur les dangers de l’IA, parfois les mêmes qui font ces IA, faire peur est une technique marketing pour convaincre que l’IA a des capacités formidables, mais le danger le plus important de l’IA est l’impact sur l’environnement.

Nous espérons donc vraiment que l’éclatement de la bulle spéculative se produira et mettra un coup d’arrêt à cette folie qui va ne faire qu’empirer le dérèglement climatique.