Les flux RSS pour un numérique durable

Faire du neuf avec du vieux.

Les flux ou fils RSS des sites Web sont un peu tombés dans l’oubli, mais cette ancienne technologie mérite d’être réévaluée pour un usage plus responsable du numérique.

La technologie RSS date de 1999 et sa version 2 (Really Simple Syndication) de 2002. Elle a connu son heure de gloire au début des années 2000 en étant prise en compte dans les navigateurs puis a été abandonnée progressivement dans les années 2010. Elle connait néanmoins un regain d’utilisation via les podcasts qui sont des flux RSS mais avec un lien vers un fichier audio ou vidéo.

De nombreux sites Web continuent malgré tout à produire des flux RSS, les utiliser permet de réduire l’impact environnemental de nos accès à Internet.

Prenons pour exemple le site du journal Le Monde, l’accès à sa page d’accueil engendre :

  • 4,5 Mo de données transférées compressées soit 9 Mo une fois dé-compressées.
  • 280 requêtes HTTP vers 70 domaines différents.

L’accès au flux RSS équivalent à la page d’accueil du site engendre :

  • 8,6 ko de données transférées compressées soit 24,4 ko une fois dé-compressées.
  • 1 requête HTTP vers le domaine du site.

Ces valeurs varient d’un rechargement à un autre mais sont toujours dans cet ordre de grandeur. Par ailleurs, si vous faites défiler la page du site, c’est encore plus de requêtes réalisées et de données transférées comme nous l’évoquions dans un article précédent.

En terme de contenu textuel, il n’y a pas de différence entre la page HTML et le flux RSS, on retrouve les mêmes titres d’articles avec une description courte qui n’est pas toujours affichée sur la page mais toujours présente dans le flux.

Évidemment, la page d’accueil est plus jolie à regarder que le flux brut mais un lecteur RSS rend cela agréable d’autant que le flux contient éventuellement un lien vers une image qu’il peut utiliser. Et surtout, pas de publicité ni de contenus sponsorisés sans aucun intérêt.

Dans un parcours utilisateur qui consisterait à aller sur différents sites Web pour voir les dernières actualités sur différentes thématiques, il saute aux yeux avec ces chiffres, que passer par un agrégateur de flux RSS, permet à cet utilisateur de réduire considérablement l’impact environnemental de ce parcours.

Malheureusement, nous prêchons probablement dans le désert car, comme l’indique cet article du site Statista :

« Les réseaux sociaux ont dépassé les sites et applications des médias comme source principale d’information. C’est ce qu’indique la plus récente édition du rapport annuel de l’Institut Reuters pour l’étude du journalisme : en 2023, 30 % des personnes interrogées disaient utiliser les réseaux sociaux comme première source d’information, alors que 22 % leur préféraient les sites et apps de médias traditionnels. »

Or les réseaux sociaux sont tout sauf vertueux en éco-conception Web, sans parler de l’enfermement dans une bulle algorithmique qu’ils peuvent générer et pouvant conduire à des manipulations de l’opinion publique.

Et demain, encore pire pour l’environnement, c’est peut être l’IA générative que nous utiliserons pour nous informer comme alerte Laure de La Raudière, présidente de l’Arcep, dans une tribune où elle y voit une menace pour « notre liberté de choix dans l’accès aux contenus en ligne ainsi que notre liberté d’expression ».

En conclusion, il est donc important que les flux RSS des sites Web perdurent à la fois pour la protection de l’environnement et pour notre liberté de choix.